Documentation Produite par Takiwasi

Troubles de la perception et rapport au monde invisible

Troubles de la perception et rapport au monde invisible

Les êtres de la nature et le corps éthérique

Les êtres de la nature et le corps éthérique

Les différents corps

Les différents corps

La documentation disponible dans la liste suivante est une compilation du matériel produit par le Centre Takiwasi au cours de ses années de recherche.

1.
Les différents corps

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi, septembre 2024.

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Un point d’achoppement essentiel dans l’interaction entre pensée et médecine occidentale d’une part, et pensée et médecines traditionnelles d’autre part, est constitué par une conception différente du corps. Nous exposerons ici de façon brève, simple et schématique les différences principales de ces conceptions divergentes.

2.
Les êtres de la nature et le corps éthérique

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi, septembre 2024.

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Dans cet article, nous proposons de traiter du sujet très peu abordé et plein de confusion des êtres de la nature. Dans la cartographie du monde invisible, leur place est souvent mal définie et associée de façon erronée aux esprits incorporels. Pour la modernité contemporaine, ils n’existent tout simplement pas. La connaissance de ces êtres et de leur mode de fonctionnement est cependant essentielle pour expliquer de nombreux phénomènes dits paranormaux (somnambulisme, présence de fantômes, etc.) et des comportements pathologiques chez l’être humain et qui ne trouvent pas d’explication médicale conventionnelle. Ces troubles sont essentiellement associés à leur corps éthérique que nous essaierons de décrire succinctement. A titre d’exemple illustratif de l’universalité de leur présence et de leur mode de comportement, nous considérerons un peu plus en détail le cas des sirènes et des lutins aux « pieds inégaux ».

3.
Troubles de la perception et rapport au monde invisible

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi, juillet 2024.

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On entend communément par « troubles de la perception » toute altération des sens naturels de l’être humain qui lui permettent de saisir la réalité. Dans les manifestations de ces distorsions de la saisie du réel, se trouvent différentes formes d’hallucinations visuelles ou auditives (écoute de voix), la perception de "présences" invisibles, des phénomènes dits paranormaux, le devinement de la pensée d’autrui, des rêves cauchemardesques, des obsessions négatives, des pulsions destructrices, des pensées inavouables, etc. Sur la base de notre expérience clinique et thérapeutique de plus de trois décennies, nous proposons une reconsidération de l’origine pathologique physique et/ou psychique de ces troubles pour l’élargir avec la prise en compte de causes non naturelles relevant du monde invisible. Sur ce sujet, il est nécessaire de redéfinir ou renouveler les anciennes terminologies religieuses reléguées au passé et qui ne « parlent plus » à nos contemporains (anges déchus, démons, esprits impurs, possession, vexation, etc.). De nombreuses personnes qualifiées de délirantes ou sujettes à leur imaginaire, refusent les catégorisations médico-psychiatriques, se sentent désemparées et se posent la question de savoir si elles-mêmes (ou un proche) seraient aux prises avec des entités malignes invisibles. Est-ce possible, certain, comment le savoir, et que faire dans ce genre de situations angoissantes ? Dans cet article, nous nous proposons d’aborder cette thématique, en allant à l’essentiel, avec une approche simple et abordable, et en essayant de fournir quelques éléments-clés pragmatiques, pour reconnaître l’origine de ces troubles, les diagnostiquer, choisir les intervenants adéquats et en aborder le traitement.

4.
Avantages et limites de l’utilisation de l’Ayahuasca en contexte thérapeutique

Auteur : Jacques Mabit

Extraits révisés de « Ayahuasca, addictions et états modifiés de conscience », Dr. Jacques Mabit, 2007, pp. 8-12.

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Compte tenu de l'énorme diffusion de l'usage de l'Ayahuasca, dans des contextes parfois inappropriés, avec les risques de l'autoconsommation solitaire ou dans des environnements récréatifs et festifs, il nous semble opportun de rappeler brièvement les avantages et les limites de son usage, qui avant tout est thérapeutique s’agissant d’une médecine, et à ce titre pourvu d'indications et de contre-indications.

5.
Interview de Jacques Mabit, médecin et chaman

Auteur : Bénédicte Stalla-Bourdillon

Entrevue réalisée le 31 juillet 2018 par Bénédicte Stalla-Bourdillon, sophrologue et art thérapeute, dans le cadre de son mémoire pour validation de diplôme d'art-thérapeute auprès de l'INECAT. Publié dans le site web de Takiwasi.

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Bien que révisé, ce texte est la transcription de l‘enregistrement d’une entrevue : il en possède les avantages de la spontanéité et du style colloquial, et les inconvénients des imprécisions, répétitions et approximations du style oral, voire les lourdeurs. Il ne faut donc pas le prendre comme un exposé structuré et réfléchi à l’avance.

6.
Ma rencontre avec le Taita Querubin Queta

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi, février 2024.

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Le Taita colombien Querubín Queta est décédé le 3 février 2024 à l'âge de 110 ans. De l'ethnie Kofan, il a été un leader indigène notable et un éminent chaman, reconnu et hautement respecté par ses pairs colombiens issus de différents groupes indigènes.

7.
De la mort à la Vie : Des effets curatifs du rituel de réparation des avortements

Auteur : Fabienne Bâcle

Publié sur le site de Takiwasi, le 25 mars 2023.

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Nous souhaitons, par cet article, porter à la connaissance du lecteur, les nombreuses conséquences positives et curatives du rituel de réparation des avortements spontanés et provoqués, rituel pratiqué au Centre Takiwasi, Pérou, depuis plus de vingt ans, dans un contexte thérapeutique. L’origine et la description de ce rituel ont fait l’objet d’un article en 2010, écrit par le Dr Jacques Mabit, médecin fondateur de Takiwasi, article intitulé « Rituel de réparation des enfants non nés », dans lequel il décrivait, à partir d’une expérience clinique, la genèse et le développement d’un rituel de réparation pour les personnes ayant souffert d’un avortement spontané ou provoqué. Ce rituel fait partie, depuis plus de vingt ans, des outils thérapeutiques que le Centre Takiwasi offre aux personnes en quête de guérison.

8.
Considérations sur l’adultère, l’adultération et la profanation

Auteur : Jacques Mabit

Publié dans le site web de Takiwasi, novembre 2022.

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La notion d'adultère a été banalisée à l'époque moderne et n'est pas correctement appréhendée dans sa dimension spirituelle, ou pire simplement ignorée. Par conséquent, très peu est pris en compte lorsqu'il s'agit d'aborder les problèmes des patients, tant dans le domaine de la santé physique, psychologique que spirituelle. Ce concept est confiné au domaine de la morale individuelle et de la vie privée où aucun professionnel n'a voix au chapitre. Cependant, nous voulons expliquer brièvement ici pourquoi l'adultère engendre des conséquences spirituelles qui peuvent conduire plus tard à des difficultés physiques, psycho-affectives, comportementales et relationnelles. Nous le ferons à partir de notre expérience clinique qui considère également la dimension énergétique du corps qui enregistre toute pathologie exprimée au niveau physique, éthérique, émotionnel, psychique et spirituel.

9.
Dialogues actuels entre la foi chrétienne et la spiritualité des peuples autochtones

Auteur : Père José Fernando Díaz Fernández

Publié dans le site web de Takiwasi, novembre 2022.

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Cette présentation intervient au milieu d'un long processus personnel d'intégration d'expériences avec des guérisseurs catholiques indigènes. Processus initié avec des familles de guérisseurs du peuple Mapuche. En collaboration avec des guérisseurs du Centre Takiwasi, liés à la tradition Quechua Lamas dans la Haute Amazonie péruvienne. Et aussi avec un profond respect envers Doña Paulina de Yoxochitlan, guérisseuse pendant 60 ans et catéchiste pendant 60 ans, d'une communauté mazatèque des montagnes du Mexique, et qui repose en paix.

10.
L’importance du point de vue de l’objet d’étude dans la recherche ethnographique. Un cas emblématique concernant le Centre Takiwasi

Auteur : Jacques Mabit, Fabio Friso, Matteo Politi

Publié dans le site web de Takiwasi, juin 2022.

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L'application thérapeutique des substances psychédéliques est aujourd’hui un sujet central dans le débat scientifique, et le Centre Takiwasi étant pionnier dans l'utilisation de l'ayahuasca pour le traitement de la toxicomanie, fait l'objet de différents travaux de recherche qui proposent une vision partielle et parfois imprécise des activités qui s'y déroulent. En partant d’un exemple concret dans lequel le chercheur endosse des prémisses naturalistes/physicalistes, il est fourni des réflexions qui peuvent aider à comprendre et à analyser le travail de Takiwasi sous un autre angle. La recherche étudiée dans le présent article nous renseigne davantage sur les représentations personnelles de l’observateur que sur celles des sujets observés. Plutôt que de classer a priori les récits des informateurs comme des « interprétations » imaginatives à rejeter d’emblée, ces données pourraient être saisies comme une opportunité de faire émerger de nouvelles compréhensions théoriques.

11.
Réponse à l’article " les racines émotionnelles de la possession religieuse. Une ethnographie comparative "

Auteur : Jacques Mabit, Fabio Friso, Matteo Politi

Publié dans le site web de Takiwasi, juin 2022.

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Cet article est une réponse à l'article " Les racines émotionnelles de la possession religieuse. Une ethnographie comparative " publiée en 2017 par Arnaud Halloy et David Dupuis dans la revue Intellectica. Dans l'article mentionné ci-dessus, sous une approche ethnographique comparative, sont présentés les cas de transe de possession dans deux contextes religieux : le Xangô de Recife, un culte initiatique d'origine Yoruba situé à Recife (Brésil), et le Centre Takiwasi, en Amazonie péruvienne. Nous nous centrerons ici uniquement sur la partie correspondant à David Dupuis qui a effectué sa thèse de doctorat au Centre Takiwasi, document matrice qui est devenu la source des différents articles qu’il a écrits depuis lors. Cette révision critique répond à la nécessité de présenter une version différente des faits présentés par Dupuis, qui nous paraît partielle sinon tendancieuse, et qui lui permet de défendre sa thèse, à savoir que les émotions ressenties au cours de la possession découlent des postulats culturels du contexte étudié et non d'un rôle actif d’entités non-humaines ou esprits. L’auteur endosse des prémisses naturalistes/physicalistes qui refusent par avance toute réalité aux phénomènes surnaturels et empêchent de véritablement comprendre et analyser la perspective de Takiwasi. Cette démarche s’assimile à une posture a priori reposant sur des présupposés philosophiques qui ne devraient pas figurer dans un travail de recherche scientifique. Dans cette perspective subjectiviste, ce travail de recherche nous renseigne davantage sur les représentations personnelles de l’observateur que sur celles des sujets observés. Plutôt que de classer les récits des informateurs comme des « interprétations » imaginatives à rejeter d’emblée, le chercheur pourrait saisir les données fournies par les sujets observés comme une opportunité de faire émerger de nouvelles compréhensions théoriques.

12.
Il s’agit de féconder, recevoir et transmettre – Recueil

Auteur : Jacques Mabit, Jean-Damien Fleury

Publié dans le site web de Takiwasi, mai 2022.

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Cette synthèse proposée par Jean-Damien Fleury s’appuie sur les textes et conférences du Dr. Jacques Mabit produits avant 2005. Elle possède les limites de cet exercice de recomposition et mixage, mais aussi la richesse du condensé. Bien qu’un certains nombres de propositions et réflexions ont depuis été précisées et affinées dans des textes ultérieurs, l’essentiel du contenu reste valable en 2022.

13.
Un témoignage sur l’action des plantes psychotropes et leur lien avec le monde spirituel.

Auteur : Anonyme

Publié dans le site web de Takiwasi, mai 2022.

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On trouve dans des articles, des ouvrages ou sur internet quantité de descriptions de sessions d’ayahuasca, essentiellement par des occidentaux, mais paradoxalement ces témoignages ne s’accompagnent quasiment jamais d’une réflexion sur leur contenu depuis les catégories de la pensée et de la culture occidentales. Ces récits demeurent exotiques, voire fantastiques, dominés par la subjectivité, l’auto-référence et la tentative de les rattacher au « chamanisme », que ce soit dans sa version traditionnelle comme dans sa version néo-chamanique influencée par le courant New Age. Le travail indispensable d’intégration de la symbolique du matériel visionnaire et expérimental se trouve ainsi très souvent écarté ou déformé, ce qui ne va pas sans conséquences parfois très dommageables.

14.
Pertinence culturelle et pharmacologique des propriétés émétiques et purifiantes de l'Ayahuasca

Auteur : Fabio Friso, Jacques Mabit

Publié sur le site Web de Takiwasi, décembre 2021.

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Malgré l'accent mis sur les effets psychoactifs connus de l'ayahuasca et son application potentielle dans le traitement des troubles de santé mentale, la communauté scientifique semble accorder moins d'attention à ses propriétés purgatives et émétiques, celles-ci étant à peine évoquées et considérées plutôt comme des effets secondaires et indésirable. Cependant, dans le cadre de l'utilisation traditionnelle ou rituelle, les effets purgatifs et émétiques sont considérés comme des aspects pertinents pour l'efficacité générale de la médecine ayahuasca. Un article de synthèse rédigé par des chercheurs de l'Université de Chieti, en Italie, et dirigé par le directeur scientifique de Takiwasi, Matteo Politi, a précisément fixé l'objectif d'examiner l'importance culturelle de ces effets dans l'utilisation traditionnelle et cérémonielle de l'ayahuasca, et de passer en revue la pharmacologie des principaux constituants pour leur application potentielle en santé gastro-intestinale. Nous analysons ensuite quelques-uns des points saillants de cette nouvelle étude.

15.
Jung, ses inspirateurs et le New Age

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi, octobre 2021.

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La figure de Carl Gustav Jung (1875-1961), médecin psychiatre suisse fondateur de la Psychologie Analytique et psychologie des Profondeurs, ne peut être laissée de côté dans la liste des “inspirés du New Age”. En effet, il est, au-delà de son statut de psychanalyste, à la fois une référence quasi constante des séminaires d’évolution personnelle et des formations en psychothérapie transpersonnelle, mais aussi, dans sa démarche et ses explorations, un “inspiré” par de entités spirituelles, comme lui-même le reconnaît. C’est-à-dire, grande partie de son savoir et de ses écrits ne procède pas de son propre fond sinon de “révélations” transmises par des “inspirateurs” appartenant au monde des esprits. La puissance et la richesse de sa pensée fascinent et suscitent l’admiration, et justifient d’autant d’examiner ses sources d’inspiration.

16.
Résultats du modèle de traitement de la toxicomanie du Centre Takiwasi

Auteur : Jacques Mabit, Fabio Friso

Publié sur le site web de Takiwasi, septembre 2021.

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Près de 30 ans d'expérience clinique nous indiquent que l'interaction entre la médecine traditionnelle amazonienne, la psychothérapie et la spiritualité, proposée dans le modèle thérapeutique du Centre Takiwasi, s'avère très fructueuse dans le traitement des addictions et autres troubles de santé mentale. Nous pensons que l'articulation de ces différentes approches thérapeutiques profite grandement au résultat du traitement et cela montre une voie à suivre de manière plus générale dans la recherche globale du bien-être mental et du bien-vivre. C'est la vocation initiale du Centre Takiwasi d'associer la pratique clinique à la recherche. Depuis le début de son fonctionnement, le Centre Takiwasi évalue en permanence ses activités, sa population de patients et les résultats des interventions thérapeutiques afin d'améliorer constamment son modèle. Cependant, pour éviter le biais de l'auto-évaluation et répondre aux exigences économiques et techniques d'une recherche scientifique de haut niveau, nous avons cherché à faire appel à des chercheurs externes et indépendants. Nous souhaitons ici résumer certains des résultats les plus remarquables enregistrés dans les publications académiques récentes qui mettent en évidence l'efficacité de notre modèle thérapeutique. Ces résultats fournissent des indications claires sur l'efficacité de l'utilisation de la médecine traditionnelle amazonienne dans le protocole développé par Takiwasi pour le traitement des addictions.

17.
Usages empiriques du tabac pour prévenir et réduire les effets toxiques du COVID-19, des vaccinations et des séquelles de l’intoxication

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi, mai 2021.

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La crise sanitaire mondiale déclarée depuis début 2020 avec l’apparition et diffusion du SARS- CoV-2 et de la maladie étiquetée COVID-19, place chaque individu face à des choix difficiles à faire pour sa santé et celle de ses proches. Les informations contradictoires, biaisées, censurées, compliquent encore davantage les prises de décisions « informées » ou « éclairées ». Les questions essentielles qui se posent sont de déterminer les mesures de prévention possibles, les traitements pour les personnes symptomatiques, l’abord des séquelles de l’infection ou intoxication (COVID-léger, COVID-long), le choix de se faire vacciner ou pas, la prévention des possibles effets toxiques des vaccins aussi bien pour les vaccinés que pour les non-vaccinés en présence des vaccinés. Les médecines traditionnelles amazoniennes signalent l’usage empirique du tabac brun thérapeutique comme un recours essentiel dans tous ces cas de figure, celui-ci étant conforté par les données acquises de la science et les pistes de recherche actuellement en cours sur le tabac. Nous proposons dans cet article de dégager quelques lignes directrices autour du rôle et de la place du tabac dans le cadre de l’épidémie de COVID-19 et d’en signaler les usages thérapeutiques empiriques possibles pour répondre aux différentes situations individuelles face aux choix qui s’imposent.

18.
La Pensée Magique

Auteur : Jacques Mabit

Entretien avec Jacques Mabit par le journaliste Álvaro R. de la Rubia, Janvier 2021.

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Les peuples amazoniens (comme tous les peuples ancestraux) sont assez pragmatiques et ce que les anthropologues qualifient de « pensée magico-religieuse » est en partie essentiellement une projection de la pensée occidentale. Le monde occidental désacralisé, où « Dieu est mort », se retrouve sans boussole spirituelle. Les indigènes connaissent le monde invisible tandis que les occidentaux le nient ou l'imaginent, ils se sont coupés de lui, ils l'ignorent, et le rationalisme cache en fait un imaginaire de compensation, souvent inconscient, à propos de l’« indigène ». Il est fantasmé comme un « bon sauvage », idéalement en harmonie avec la nature, pur et sage, ce qui est une illusion totale, ou bien comme un ignorant superstitieux, irrationnel, manquant de discernement, ce qui est tout aussi inexact. L'extraordinaire crise du covid montre à quel point les Occidentaux peuvent « avaler » les délires et les fantasmes au-delà de toute rationalité, de tout pragmatisme, et même en dehors de tout critère scientifique (ce qui est la définition de la superstition).

19.
Les plantes maîtresses amazoniennes en mode contention : un compagnon subtil et actif dans le processus de changement

Auteur : Uriel J. López Legaria

Publié sur le site web de Takiwasi, juillet 2020.

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La prise de plantes maîtresses en contention est un processus très efficace s’il est bien fait et laisse un changement structurel pérenne. Elle est inutile, voire dangereuse, si elle n’est pas faite correctement ou si les règles ne sont pas respectées (dosage, régime, soins…). Il permet d’avoir un « pool » d’assistants psychothérapeutiques spécifiques pour un travail de réhabilitation simultanément sur le plan physique, psycho-émotionnel et spirituel… les contenus manifestés (les expériences d’isolement dans la réserve botanique, les rêves, les souvenirs, les deuils et les blessures) se manifestent avec une grande lucidité et sont hautement significatifs dans le processus de traitement des dépendances et du développement humain.

20.
Rigueur et sophistication des médecines traditionnelles amazoniennes : une ressource pour l’abord des psychopathologies

Auteur : Jacques Mabit

Cet article est un condensé de diverses publications du Dr. Jacques Mabit, signalées en référence.

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L’Ayahuasca représente sans aucun doute un outil très puissant de connaissance de soi et donc un moyen privilégié de facilitation du travail du psychothérapeute. Pendant la prise d’Ayahuasca, le sujet ne perd pas conscience et joue simultanément le rôle d’observateur et d’observé. Il est lui-même son propre objet d’observation. Il peut intervenir activement dans son propre monde intérieur et devient par là le protagoniste direct de son traitement. Ce qui ne manque pas d’améliorer notablement sa propre estime et renforcer puissamment sa conviction quant aux découvertes qu’il effectue sur lui-même et, du même coup, consolider sa motivation pour concrétiser les changements nécessaires à sa vie. Il peut vérifier la véracité des propositions interprétatives de son thérapeute. Il récupère les rênes de son être qui lui échappaient.

21.
L’usage des diètes en médecine traditionnelle amazonienne : implications pour une nouvelle phytothérapie

Auteur : Céline Cholewka, Fabio Friso, Matteo Politi

Publié dans la revue Phytothérapie, 18:169-179, 2020. DOI 10.3166/phyto-2019-0181

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La médecine traditionnelle amazonienne tout comme la naturopathie possède de grandes ressources et une grande variété de techniques de soins. Les diètes sont l’une des techniques largement utilisées en Haute-Amazonie péruvienne. Il s’agit pour le guérisseur de mettre le patient en isolement en pleine forêt avec un régime alimentaire et des normes psychocorporelles très strictes afin de lui administrer des préparations de plantes. À travers un voyage intérieur et un nettoyage physique profond, le patient libère son énergie vitale et trouve ainsi la voie de la guérison. L’expérience de la diète conduit l’être humain à retisser un lien avec la nature et les plantes, lien souvent perdu du fait d’un mode de vie urbain et matérialiste. À travers ce processus de purification, l’Homme va non seulement libérer sa force vitale autoguérisseuse, mais aussi s’ouvrir à la spiritualité et ainsi rencontrer son essence. La diète, en tant qu’instrument de guérison et de développement personnel, s’étend aujourd’hui de plus en plus aux cultures et aux contextes occidentaux. Au-delà de sa contribution à ce que l’on appelle le tourisme chamanique, la possibilité de son transfert culturel avec l’utilisation de plantes de la flore européenne est envisagée.

22.
Synergie entre le catholicisme et la spiritualité autochtone dans le programme de réhabilitation de la toxicomanie à Takiwasi, une communauté thérapeutique en haute Amazonie péruvienne

Auteur : Alberto Dubbini, Marco Gallizioli, Fabio Friso, Jaime Torres, Jacques Mabit, Matteo Politi

Version acceptée de l'article publié en anglais dans la revue Studies in Religion/Sciences Religieuses, décembre 2019, https://doi.org/10.1177/0008429819885615. Titre original: “Synergism between Catholicism and Indigenous Spirituality within the Drug Addiction Rehabilitation Program of Takiwasi, A Therapeutic Community in the Peruvian High-Amazon”. Traduction : Fabio Friso et Jacques Mabit.

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L'association entre spiritualité et médecine se développe aujourd’hui comme un thème de recherche pouvant avoir des implications pratiques croissantes dans les systèmes de santé. Le protocole de traitement de la toxicomanie appliqué au centre Takiwasi, une communauté thérapeutique pionnière qui mélange des approches occidentales, y compris la psychothérapie, la biomédecine et les pratiques catholiques, avec la médecine traditionnelle amazonienne, intègre à la fois des dimensions spirituelles et scientifiques. En combinant des données de la littérature et une série d'entretiens ouverts et semi- structurés menés auprès de 9 travailleurs du centre au cours d'une recherche sur le terrain, le présent article vise à tester l'existence d'une véritable synergie entre la religiosité catholique et la spiritualité métisse et autochtone au sein du processus thérapeutique mené au centre Takiwasi et met en évidence certains sujets stimulants et problématiques qui découlent de cette synergie.

23.
La voix de l'intelligence dans la session d’Ayahuasca

Auteur : Jacques Mabit

Conférence présentée dans l'atelier « Savoir local et médecine traditionnelle », Salon du livre, Cusco, septembre 2019.

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Pendant les sessions d'Ayahuasca, les personnes qui prennent cette médecine entrent en contact avec une intelligence qui communique avec elles et fournit des informations comme enseignement. Il est très fréquent, dans l'après-ayahuasca, que ces personnes disent « l'ayahuasca m'a dit telle ou telle chose », « on m'a dit, montré, ou on m'a appris telle ou telle chose », etc. Dans cette brève présentation, nous aimerions dessiner un profil synthétique de cette Voix ou plutôt Intelligence qui s'exprime dialogiquement avec le sujet qui prend de l’Ayahuasca.

24.
Entretien avec le Dr. Jacques Mabit par Shelby Hartman, à l'occasion de la Queering Psychedelics Conference

Auteur : Jacques Mabit

Entretien mené en espagnol par courrier électronique avant la Queering Psychedelics. Il a ensuite été traduit en anglais par l'éditeur et publié sur le site Web de NEIP - Groupe d'Etudes Interdisciplinaires sur les Psychoactifs, voir lien.

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La question de l'identité sexuelle est très sensible de nos jours et est souvent influencée par le « politiquement correct », ce qui rend difficile d'en parler sereinement, sans entrer dans des controverses. La souffrance résultant de la discrimination ou de l'oppression sociale subie par des personnes ayant des comportements sexuels non conformes au modèle dominant est indéniable. Cette condition génère une certaine réactivité à toute appréciation qui semble contredire ou qui simplement propose des nuances différentes à ces approches. Cette hypersensibilité émotionnelle, proportionnelle à la souffrance sous-jacente, tend à confisquer la parole et à réduire au silence ceux qui apparemment la contredisent. Et cela conduit à placer la réflexion dans le cadre d’une confrontation idéologique qui s'est installée dans le discours de l'opinion publique ou dans des formules expéditives qui empêchent d'approfondir ces sujets.

25.
Edgardo : l’itinéraire d'un guérisseur

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi.

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Les médecines traditionnelles et occidentale sont complémentaires, il n'y a pas de concurrence, chacune apportant sa part au processus de guérison. Le guérisseur s'occupe de nettoyer le corps et l'esprit, le médecin s'occupe de la manifestation dans le corps d'un déséquilibre.

26.
Guérison et apprentissage à travers la diète chamanique amazonienne

Auteur : Matteo Politi

Article publié en anglais sur Chacruna.net le 27 septembre 2018.

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Au cours d'une diète, les gens passent souvent beaucoup de temps en silence en évitant d'utiliser le langage verbal, ce qui réduit l'activation de certains circuits du cortex cérébral qui, dans un état de conscience ordinaire, rendent les fonctionnalités rationnelles prédominantes. En limitant partiellement la pensée logique, nous accordons plus de place à la sphère plus intuitive et instinctive, généralement refoulée dans la vie quotidienne de l'Occidental moyen.

27.
Rencontre avec le monde des esprits dans le processus de guérison

Auteur : Alberto Dubbini

Entretien de Jacques Mabit par Alberto Dubbini, Centre Takiwasi, Août 2018. Transcription littérale de la forme orale, avec les approximations et les limites de ce type d'exercice. Il s’agit d’une conversation à bâtons rompus et non d’un exposé médical, anthropologique ni théologique.

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Petit à petit, cette cartographie du monde invisible s'est enrichie. À ma manière, je dirais que chaque élément de la création sensible est présidé par une entité tutélaire, un esprit ou plutôt une présence angélique. Il s’agit du monde intermédiaire, le monde de la création invisible. Avec les sens, nous percevons les minéraux, les végétaux, les animaux, le cosmos et l'être humain. Cependant, il existe une autre dimension, celle de la création invisible pour nous en état de conscience ordinaire. Ce monde invisible est peuplé d'êtres également créés, mais incorporels, qui n'ont aucune existence physique ou matérielle, mais qui sont dotés d'intelligence, de liberté, de volonté et qui président à tous les éléments du monde physique.

28.
Chakaruna, une rencontre vitale entre la tradition andine-amazonienne et la tradition occidentale

Auteur : Ricardo Chirinos Portocarrero

Entretien avec le Dr Jacques Mabit, par Ricardo Chirinos Portocarrero, février 2014. Publié en espagnol dans la revue Unay Runa nº9, Revista de Ciencias Sociales, Yachay, saberes andino-amazónicos, Lima, 2018, pp. 187-213.

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Des ponts existent, l'être humain est l’un d’entre eux, la vérité est une seule et il y a des portes derrière le monde objectif. L'objectivité scientifique semble contredire la subjectivité indigène, mais la subjectivité indigène a pu accéder à de fines connaissances et produire des applications concrètes très sophistiquées et bien avant la science occidentale... qui en était très inspirée. Sur la base de ces connaissances, ils ont pu faire l'Ayahuasca, qui est un mélange de deux plantes, la tige de la liane elle-même et les feuilles d'une autre plante, pas l'inverse, sinon cela ne fonctionne pas. Ensuite, il faut trouver le mélange exact, le bon temps de cuisson pour pouvoir combiner les principes actifs de la betacarboline d'un côté avec les tryptamines de l’autre pour que cela fonctionne. Ce mélange sophistiqué peut être expliqué en termes pharmacologiques biochimiques que le monde occidental a découvert il y a seulement 50 ans environ. Les indiens ne lui donnent pas le même nom, ils l'expliquent d'une manière plus poétique, pratiquement métaphorique, mais ils le connaissent et l'utilisent depuis 3 000 ou 4 000 ans. Cette subjectivité indigène a découvert des choses dont l'objectivité occidentale n'a appris que récemment.

29.
Coca et ayahuasca, une même destinée ?

Auteur : Jacques Mabit

Article publié dans Revista Cultura y Droga, 23 (25), 15-32, Janvier 2018. Conférence originellement présentée en espagnole à la " Conférence Internationale sur l'Ayahuasca", Río Branco, Brésil, octobre 2016

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Au-delà de leurs irréductibles diversités, toutes les traditions et sagesses antiques portent une semblable préoccupation fondamentale : autant qu’il est possible, préserver l’homme ―et en même temps la société― du Mal qui menace. On pourrait dire : “des maux qui menacent” à condition de ne pas oublier que pour ces traditions, l’homme est un et que le corporel, le psychologique et le spirituel sont toujours liés. En d’autres mots, les sagesses anciennes et en particulier leurs traditions médicinales fondées sur l’expérience supposent et s’inscrivent dans une démarche de purification, d’éloignement du Mal et de rétablissement d’une certaine harmonie : autant le thérapeute que le patient s’engagent dans cette démarche où personne n’est laissé à soi-même.

30.
Vies Changées

Auteur : Swiatoslaw Wojtkowiak

Ces témoignages ont été collectés par Swiatoslaw Wojtkowiak en juin 2017 et publiés en anglais sur son blog http://blog.swiatoslaw.com/?cat=449 avec l'autorisation des personnes impliquées.

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Je considère cette plante (ayahuasca) comme une source de connaissance - à la fois sur moi-même, mes problèmes personnels - ainsi que pour ma vie professionnelle, pour travailler avec d'autres en tant que psychothérapeute. Elle m’est également utile pour superviser ma relation avec les patients, elle me montre des choses sur le travail que, autrement, je ne serais pas en mesure de remarquer.

31.
Le Reiki ou l’arnaque spirituelle

Auteur : Jacques Mabit

Article publié sur le site web de Takiwasi, novembre 2016.

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Le Reiki est à la mode depuis les années 90 et depuis le début du siècle et se développe à grande vitesse dans tous les milieux. Or notre expérience thérapeutique nous montre qu’il s’agit d’un des majeurs et constants lieux d’infestation spirituelle. Ce danger spirituel est largement ignoré et sous-estimé, ce pourquoi il nous a semblé utile de transmettre notre vécu à son égard et notre réflexion sur ce phénomène de société, afin surtout de mettre en garde contre son utilisation.

32.
Le sorcier, le fou et la grâce: les archétypes sont-ils des esprits désacralisés?

Auteur : Jacques Mabit

Publié dans "Danger et nécessité de l'individuation", IXe Colloque de Bruxelles, Esperluète Ed. en co-édition avec L'Arbre Soleil, 2016. Belgique.

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Dans un processus d’individuation raté, l’ombre de l’Indien peut le transformer en sorcier tandis que celle de l’occidental peut dériver en folie : crises dissociatives, psychotiques ou délirantes. Dans sa réserve, voir son refus à propos du summum bonum, Jung n’aurait-il pas « aplati et aseptisé» les esprits du monde-autre décrits par les Indiens pour en faire des archétypes, principes psychiques, énergies neutres, forces laïcisées, les dépouillant ainsi de leur « substance d’être » ? Autrement dit, si les réalités du monde-autre sont objectives et vivantes, et de ce fait potentiellement salvatrices, ne serait-ce pas leur réduction à un principe subjectif, individuel ou collectif, qui, dans l’initiation, serait source de toxicité de l’âme en la privant de la grâce?

33.
San Patrignano: une vision angoissante de la société du futur

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi.

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En mai 2014, sur l'invitation de Jacques Attali, nous avons participé au Forum LH sur l'économie positive qui s’est tenu dans les locaux de la Communauté de San Patrignano, près de Rimini en Italie, ouverte aux personnes en peine face aux abus de consommation de substances addictives. Nous désirons dans ce modeste témoignage faire part de notre surprise et de notre préoccupation concernant l’ambiance découverte au cours de ce bref séjour dans cette Communauté Thérapeutique très admirée et présentée comme un modèle pour l’avenir. Nous exposons ici quelques réflexions qui nous sont apparues et quelques interrogations émergentes face à la vision du devenir de l'humanité selon ce prototype de société future.

34.
Cérémonie Rituelle de la Yawar Panga

Auteur : Jacques Mabit

Conférence initialement présentée au VIIe Congrès international de médecine traditionnelle et populaire, tenue à Mérida (Mexique) en décembre 1993. Texte augmenté en 2014.

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La cérémonie rituelle de la Yawar Panga constitue un acte spécifique du curanderismo de la Haute Amazonie du Pérou, destiné à opérer un nettoyage profond dans l'organisme des participants. Il s’agit de l’ingestion du jus des feuilles fraîches d'une plante grimpante appelée Aristolochia didyma S. Moore (famille des Aristolochiaceae), complémentée par un contexte ritualisé avec des chants (ikaros), des souffles vitalisants de fumée de tabac noir que le chaman dirige vers son patient et le son rythmique produit en secouant la shacapa (bouquet de feuilles séchées de Pariana sp.).

35.
Vers une médecine transculturelle. Réflexions et propositions fondées sur l'expérience du Centre Takiwasi

Auteur : Jacques Mabit, Jesús González

Traduction de l’original en espagnol “Hacia una medicina transcultural: Reflexiones y propuestas a partir de la experiencia en Takiwasi”, Journal of Transpersonal Research, 2013, Vol. 5 (2), 49-76. Cet article est tiré d’une conférence sur « L’articulation entre les médecines traditionnelles et la médecine occidentale, le défi de la cohérence », donnée par le Dr Jacques Mabit lors des Ateliers sur les politiques et expériences régionales de santé et d’interculturalité, organisés par le Ministère de la Santé Publique et l’Unité de Développement Nord, Quito, Juin 2004.

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L’éventail actuel des médecines dans un monde globalisé et en crise, invite à réfléchir sur comment se produisent les rencontres et rendez-vous ratés dans le domaine de la santé entre des logiques liées à la tradition face à celles de la modernité en matière de santé. La Médecine Traditionnelle Amazonienne où le chamanisme joue un rôle clé, laisse apparaître face à cet écartèlement, un champ d’analyse privilégié afin d’élaborer de nouveaux modèles opératifs autour de bien-être et du bien-vivre. Cet article pose une proposition claire et argumentée en faveur du dialogue interculturel destiné à ouvrir un nouveau paradigme transculturel. Ce point de vue vise à l’élaboration d’une médecine à la hauteur des défis de nos sociétés contemporaines. La réflexion épistémologique nécessaire, l'analyse des réalités sociales, les relations de pouvoir implicites, l'éthique, les logiques d'articulation et l’ouverture à la complexité de l'être humain et de la vie, en sont les éléments principaux.

36.
Les vingt ans de Takiwasi. Réflexions sur la dimension spirituelle comme articulation entre la toxicomanie et les médecines traditionnelles amazoniennes

Auteur : Jacques Mabit

Conférence présentée à la Maps Psychedelic Science Conference, Oakland (Ca), États Unis, 21/04/2013.

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Sur la base de l'expérience développée en 20 ans au Centre Takiwasi, au Pérou, nous soutiendrons que la pathologie des toxicomanies englobe inévitablement plus que l'intoxication physique et un simple problème psychoaffectif, et comporte une dimension existentielle, métaphysique et sémantique, ou de quête de sens d’ordre spirituel. Les médecines traditionnelles amazoniennes couvrent également ces trois espaces (physique-psychique-spirituel), simultanément, dans le cadre de l'usage rituel des plantes psychoactives. Par conséquent, elles offrent un potentiel de réponse adéquate au problème des dépendances. Cependant, dans l'approche occidentale désacralisée et déritualisée, il y a tendance à confondre les expériences psychédéliques extrêmes avec les expériences spirituelles et, dans cette confusion, les plantes psychoactives sont souvent utilisées comme facilitatrices de processus psychothérapeutiques plutôt que comme passerelle vers une véritable relation avec le monde spirituel. Dans notre intervention, nous proposons des critères de discernement entre ces deux dimensions, psychique et spirituelle, et de passage sûr de l'une à l'autre.

37.
Ayahuasca, passé, présent et perspectives

Auteur : Rosa Giove

Publié en espagnol dans la revue Pueblo Continente Vol 23, No 1 (2012), p. 82-85.

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Le breuvage Ayahuasca a été utilisée des temps immémoriaux par les nombreux groupes ethniques du versant Ouest du bassin amazonien. On estime que 72 groupes ethniques de cette zone géographique l'utilisaient déjà à des époques fort lointaines pour modifier leur état de conscience ordinaire à des fins religieuse, thérapeutique ou encore d'affirmation culturelle. Son importance est démontrée par la large diffusion de son utilisation et les quelques 42 noms différents qui le désignent, importance et désignations que l’on retrouve dans les différentes formes de préparation et d'utilisation en vigueur encore aujourd’hui parmi les ethnies et métis d’Amazonie.

38.
Usage des purges de tabac dans le processus thérapeutique

Auteur : Ghislaine Bourgogne

Conférence présentée au Congrès International "Médicines Traditionnelles, Interculturalité et Santé Mentale", du 7 au 10 juin 2009 - Tarapoto - San Martín - Pérou et publiée en espagnol dans le livre de mémoires.

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En Europe, il existe de multiples approches psycho thérapeutiques : émotionnelles, comportementales, corporelles, psychanalytiques, intégratives. Et toutes revendiquent d’être les plus rapides et les plus efficaces. Mais ça ne change pas de mon point de vue une réalité fondamentale. Quand on a un problème, il y a deux voies pour le résoudre : soit on s’y attaque directement pour en comprendre l’origine et le déroulement afin d’y remédier ; soit on grandit psychiquement et spirituellement et de cette façon le problème paraît de plus en plus petit jusqu’à être dépassé. La médecine ancestrale amazonienne combine ces deux possibilités. Elle nous montre que le corps est le véhicule de la sagesse et de la connaissance et elle utilise les éléments que la nature met à notre disposition pour nous inspirer et nous guérir.

39.
Sinchi, Sinchi, Negrito: usage médicinal du tabac dans la haute Amazonie péruvienne

Auteur : Jacques Mabit, Rosa Giove

Version en espagnol sous presse par la Fundación Desde América, Buenos-Aires, Argentine.

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La connotation négative donnée au tabac dans la société contemporaine comporte le risque de considérer par erreur cette plante médicinale extraordinaire comme un fléau à éradiquer. Cette stigmatisation résulte de l’ignorance des occidentaux modernes quant à l’utilisation correcte et ritualisée de cette plante, considérée depuis toujours comme sacrée dans toutes les Amériques.

40.
De l’ouragan à la brise légère

Auteur : Jacques Mabit

Conférence Idées-Psy1, Paris, France, 2 Mai 2012.

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L’exploration de notre être intérieur nous renvoie souvent à cette opposition apparente entre le monde de la manifestation et le monde invisible des principes, entre ce qui crie en nous et ce que chuchote l’âme. Car les «chemins de Dieu sont élevés au-dessus des nôtres» (Is. 55,6-9.) et sans doute l’objet de cette quête intérieure consiste dans le dépassement de cette séparation entre le monde d’en-haut et celui d’en bas pour que la Volonté du Père s’applique ici-bas comme elle s’applique déjà là-haut. Ainsi, nous clamons pour être aimés tandis que notre âme nous chuchote « aime » ; nous crions pour être reconnus tandis qu’elle nous susurre «reconnais l’autre et le Tout-Autre ». Les initiations des peuples premiers, dans leurs expériences de l’extrême, conduisent l’individu à se rendre à`son humanité et rejoindre ce lieu intime où il redevient un être « au coeur et à l’esprit brisés ». On voit alors, lorsque l’homme touche sa propre misère, surgir et déborder du corps, spontanément, l’essence de l’âme qui demande pardon et rend grâce. Jamais contrition et gratitude ne me sont apparues aussi authentiques, manifestations de la mémoire incarnée dans les tréfonds du corps. Car comme Elie (1 R 19, 9-21), l’homme rencontre Dieu non dans l’ouragan fou de ses fantasmes, les secousses sismiques de sa frénésie, ou le feu dévorant de ses passions, mais, au milieu du silence, dans le souffle léger d’une brise intérieure…

41.
Ayahuasca: toxicité et limitations d’utilisation

Auteur : Jacques Mabit

Extrait d’une note d’information pour expertise pour le cas Manto Wasi et présenté oralement au tribunal de Santiago du Chili, 2012.

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La nomenclature scientifique habituelle catégorise l’ayahuasca comme préparation « hallucinogène ». Cette typification vient du début du XXème siècle et se maintient traditionnellement, même si elle ne correspond pas à une réalité objective. L’hallucination fait référence à une perspective erronée de la réalité, qui amènerai le sujet à percevoir des choses qui n’existent pas. Cette définition suppose l’existence d’une seule réalité objective, matérielle, sensible. Les progrès de la science, notamment en ce qui concerne la physique quantique, ont amplement démontré qu’il n’existe pas d’observation de la réalité indépendante de l’observateur, et au niveau de la conscience, qui fonctionne de façon quantique, la subjectivité l’emporte et conduit chaque sujet à interagir avec la réalité de telle façon qu’il existe autant de modes de perception de la réalité qu’il existe d’êtres humains. Les théories avancées dans ces domaines considèrent la possibilité de plusieurs réalités ou niveaux de réalité, bien comme l’existence possible d’univers parallèles.

42.
Usage rituel de l'ayahuasca et santé : un entretien avec Jacques Mabit

Auteur : Beatriz Caiuby Labate, Brian Anderson, Henrik Jungaberle

Interview publiée à l'origine en anglais sous le titre “Ritual Ayahuasca Use and Health: An Interview with Jacques Mabit”, The Internationalization of Ayahuasca, Beatriz C. Labate and Henrik Jungaberle, eds. Zurich Switzerland, Lit Verlag, 2011, 446 pp.

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Cet entretien a pour objectif d'étudier le cadre théorique et la pensée de Jacques Mabit, président exécutif de Takiwasi. L'un des principaux centres d'intérêt de nos questions était la conception de Mabit concernant des avantages pour la santé et les risques associés à l'utilisation de l’ayahuasca. L’accent a également été mis sur l'étude de l'hybridation intrigante de la psychothérapie occidentale avec la médecine traditionnelle amazonienne que le Centre Takiwasi utilise pour traiter l'abus de drogues. L'entretien soulève plusieurs questions importantes sur les effets de l'utilisation de l'ayahuasca sur des aspects spécifiques de la santé humaine - un domaine sur lequel il reste beaucoup à apprendre.

43.
Les Cent jours de l’Ayahuasca

Auteur : Ghislaine Bourgogne

Conférence présentée au Congrès “Medicinas Tradicionales, Interculturalidad y Salud Mental”, Tarapoto, Pérou, 2009 et publiée dans les Actes de ce Congrès, ed. Takiwasi, 2011.

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Le chamanisme végétal est une pratique médicinale couramment répandue en Amérique du Sud, en particulier dans le bassin amazonien. Les maîtres guérisseurs soignent en administrant des plantes aux vertus curatives. Ils absorbent aussi des breuvages psycho-actifs qui les mènent aux rives du Monde-Autre, là ou leurs visions leur enseignent l’art de la médecine et du soin. Ces mêmes breuvages sont donnés aux patients au cours de cérémonies nocturnes afin qu’ils voient par eux-mêmes la source de leurs maux et s’en délivrent avec l’aide des chamanes.

44.
Rituel de réparation pour les enfants non-nés

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi.

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Nous proposons dans cet article un rituel de réparation pour les enfants non-nés de façon induite ou spontanée. Cet acte profondément guérisseur naît d’une expérience particulière qui a eu lieu au Centre Takiwasi, au Pérou, dans un cadre thérapeutique, et dont nous expliquerons la genèse.

45.
Ayahuasca, addictions et états modifiés de conscience

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi.

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L’Ayahuasca est un mélange d’au moins deux plantes psychoactives sudaméricaines : la liane Ayahuasca (Banisteriopsis caapi) qui donne son nom à la potion, et les feuilles de la Chacruna (Psychotria viridis). Le résultat est une composition très particulière par la combinaison des effets pharmacologiques de ces deux végétaux.

46.
Apports thérapeutiques de l'Ayahuasca dans le cas d'addictions

Auteur : Jacques Mabit

Article publié en " Les plantes hallucinogènes : Initiations, thérapies et quête de soi ", Christian Ghasarian & Sébastien Baud, Ed. Imago, 2010, pp 267-286.

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Depuis une vingtaine d’années l’intérêt des populations des sociétés dites "modernes" pour les substances psychotropes végétales source de modification de la conscience s’est accru au point de constituer un phénomène social qui dépasse largement le cadre de la communauté académique et des laboratoires scientifiques. Cet intérêt se situe dans le prolongement des tentatives d’auto-exploration commencées dans les années soixante face au manque de réponses convaincantes des églises, des écoles philosophiques, des projets politiques et des psychothérapies conventionnelles sur le sens de la vie. La désacralisation consécutive à la modernité réduit en effet considérablement les espaces rituels favorisant un investissement symbolique profond.

47.
Rencontre de deux médecines au chevet des toxicomanes

Auteur : Jacques Mabit

Publié sur le site web de Takiwasi

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Installé depuis plusieurs années au Pérou, un médecin français, le Docteur Jacques Mabit, a ouvert un centre de traitement des toxicomanes. Son originalité : essayer de réunir les deux approches thérapeutiques, occidentale et traditionnelle, pour trouver des alternatives de traitement. L’Amazonie péruvienne cache en son sein les champs de coca, coca destinée au trafic de cocaïne via la Colombie. Riche de symboles et de pouvoirs, la “plante des Dieux” est devenue pour les Incas celle du “Diable et de la Mort”, comme l’explique un guérisseur. Avant de toucher les pays occidentaux, la drogue a des effets destructeurs dans les pays producteurs. La jeunesse péruvienne, trop souvent sans perspectives d’avenir, fuit la realité dans la consommation de pâte base de cocaïne, accessible et bon marché.

48.
Foi et Ayahuasca

Auteur : Père Cristian Alejandría Agreda

Conférence présentée au Congrès "Médecine Traditionnelle, Interculturalité et Santé Mentale", Tarapoto, 2009. Transcription de la présentation orale.

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Afin de comprendre l'expérience des patients, j'ai vu qu'il était nécessaire d’expérimenter ce qu'ils vivaient, c'est-à-dire de prendre des purges et d’entrer dans le processus avec les plantes jusqu’à arriver à prendre la plante maîtresse qu'est l'Ayahuasca. J'ai donc accepté, à partir de cette expérience, d’obtenir des réponses et ainsi faire face aux nombreuses questions des patients sur tout ce qu'ils voulaient clarifier dans leur vécu.

49.
Le temps des Chakarunas

Auteur : Jacques Mabit

Prologue de la deuxième édition du livre « Naturaleza Silvestre. Ceremonias de un chamán amazónico » par Ana María Pérez (2008).

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Les prophéties du monde andin annonçaient pour notre temps l'apparition d'hommes-ponts appelés chakarunas, des personnes ayant vocation à établir des liens entre différents « mondes » : monde matériel contre monde spirituel, mondes culturels différents, monde phénoménologique contre monde archétypal (numen), etc. Dans un contexte de mondialisation planétaire où les frontières ont tendance à s'estomper, il est surprenant de constater que l'universalité atteint les parties les plus reculées de notre humanité, y compris les espaces de guérison et d'arts spirituels des groupes ethniques éloignés. L'Amazonie péruvienne fait partie de ces espaces qui s'ouvrent aux explorations des Occidentaux venus dernièrement envahir les villes et villages amazoniens en été, par vagues de « touristes spirituels », créant le phénomène que l'on a appelé le « tourisme chamanique ». En eux, nous trouvons plusieurs motivations, de la guérison physique à la recherche d'une expérience mystique, de la curiosité pour l'exotisme à l'ajout d'une expérience psychédélique de plus à leur liste de prise de drogue.

50.
Itinéraire et témoignage du docteur Jacques Mabit, médecin et shaman

Auteur : Frédérique Apffel-Marglin

Avril 2007, Interculture Nº 152, p. 27-48.

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Entrevue de Jacques Mabit, M.D. par Frédérique Apffel-Marglin tenue à Takiwasi, Tarapoto, Pérou le 23 jamvier 2007./n Jacques Mabit fonda ce centre voici quelque 15 ans de cela, après de nombreuses années d'apprentissage auprès de bien des shamans locaux pratiquant le rituel de l'Ayahuasca, breuvage sacré des indigènes amazoniens. À Takiwasi, les malades sont traités à base du rituel amazonien de l'Ayahuasca avec une teinte de catholicisme, mais aussi à base de thérapie psychologique ou autre.

51.
L’ayahuasca dans le traitement des addictions

Auteur : Jacques Mabit

Article publié en anglais dans “Psychedelic Medicine (Vol. 2): New Evidence for Hallucinogic Substances as Treatments” 1 (2007), by Thomas B. Robert, Michael J. Winkelman, pp. 87-103, Praeger Ed., USA, 2007. ISBN: 0-275-99023-0

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L’Ayahuasca peut offrir une voie royale et alternative d’accès au monde-autre, en plus de bénéficier d’une tradition indienne encore très vivace et dotée d’instruments de transmission des connaissances. D’une certaine façon, face à une dépendance aux drogues produit d’une contre-initiation sauvage, il peut être proposé à un toxicomane de reprendre un nouveau parcours initiatique, cette fois de façon contrôlée, organisée et guidée. De la sorte, en accueillant, au lieu de le nier, son désir légitime d’explorer le monde-autre, il devient plus acceptable pour le patient de se soumettre aux conditions et règles accompagnant le processus à la fois initiatique et thérapeutique, et plus facile pour le thérapeute de poser ce cadre en comptant sur la collaboration volontaire de son patient. La correction du parcours initiatique tronqué peut alors s’engager dans des conditions de réalisation correctes. Le lien thérapeutique s’inscrit alors davantage dans une relation de maître à élève que de répresseur à délinquant.

52.
À propos de la pratique des Tabaqueros

Auteur : Jacques Mabit

Conférence donnée au 2ème Congrès de Lyon, 6-8 Octobre 2006, sur « Le Tabac, Plante d’enseignement et de guérison ». Publié dans les Actes, La Maison Qui Chante Ed., pp.17-28. Transcription revisée et remaniée du texte oral.

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Le Tabac est sans doute la plante la plus importante de tout le bassin amazonien, tant par ses fonctions rituelles et thérapeutiques que par sa diffusion. C’est la plante la plus anciennement cultivée en Amazonie, 6000 à 7000 ans selon certains auteurs, et celle qui s’est répandue le plus rapidement, non seulement en Amérique du sud mais aussi dans le monde entier. Quand les Espagnols arrivent sur ce continent, toute l’Amérique indigène consomme du Tabac malgré l’absence de moyens de transport, et même des chevaux apportés par les Conquistadores.

53.
Chamanisme amazonien et monde occidental : entre l’encouragement et la mise en garde

Auteur : Jacques Mabit

Article publié en français à deux reprises. D’abord dans la revue SYNODIE1 publiée par le Groupes de Recherches et d'Etudes en Thérapies Transpersonnelles (GRETT, 2005) puis dans la revue Nouvelles Clés (décembre 2005)

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Dans le petit havre de Haute-Amazonie où je réside depuis presque 20 ans, je vois déferler une vague croissante d’occidentaux avides d’aborder les pratiques des médecines traditionnelles amazoniennes. Ayant moi-même été un des initiateurs de ce mouvement, je ne peux m’empêcher d’hésiter entre la satisfaction et l’épouvante face à cet engouement pour ce qu’il est convenu de placer maintenant sous le vocable de « chamanisme », bien qu’inadéquat sur le plan anthropologique. La prise de conscience progressive des occidentaux de la grave carence de sacralité dans leur quotidien et l’audace de certains les menant à l’autre bout du monde en quête d’un renouvellement de leur spiritualité me semblent porteuses d’espoir. Dans le même temps, la capacité occidentale à transformer tout ce qu’elle touche en produit marchand, même la spiritualité, a de quoi effrayer. On assiste actuellement à un débarquement massif de citoyens des pays du Nord dans les recoins les plus isolés des forêts, des montagnes et des déserts du Pérou, et d’ailleurs, pour y dénicher le « chaman » encore « vierge » qui les réconciliera avec eux-mêmes. Et voici que les choses se compliquent singulièrement depuis que le mouvement s’est amorcé en sens inverse avec le déplacement de « chamans » vers l’Europe, voir de blancs se présentant comme initiés et capables de se substituer aux maîtres indigènes./n Lorsque se rencontrent un occidental et un chaman amazonien, même métis, ce ne sont pas que deux personnes qui se croisent mais deux cultures qui se découvrent et éventuellement se confrontent. Chacun est porteur, le plus souvent inconsciemment, des éléments culturels qui structurent son univers, sa pensée, ses comportements. Si cela est déjà vrai quand aux règles de politesse et courtoisie du quotidien dès que l’on passe une frontière géographique, qui plus est lorsqu’on prétend franchir les frontières des états de conscience. Cette ignorance mutuelle du monde intérieur de l’autre, augmentée par l’illusion des apparences (bien des chamans sont vêtus à l’occidental, portent une montre, écoutent la radio…), autorise de multiples projections source de quiproquos permanents, des plus amusants aux plus dangereux.

54.
Ayahuasca : mémoire et conscience. Nouvelles applications d'une pratique indienne ancestrale

Auteur : Jacques Mabit

Conférence inaugurale du 25e anniversaire de la Société d'Anthropologie de la Conscience, 15 avril 2005, Université du Massachusetts, États-Unis. Traduit de l'espagnol par Fabio Friso, révisé par Magali Chevron.

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Ma présence ici n'est pas due au fait que je suis un grand scientifique, spécialiste en neurophysiologie, ou un philosophe distingué de la conscience, mais je crois, au fait que je peux témoigner de l'expérience commune de l'auto-exploration de la conscience et de ses applications thérapeutiques. Et cela illustre d'emblée la situation actuelle du débat contemporain autour du phénomène de la conscience : l'acceptation implicite ou l'intuition qu'il faut passer d'un discours "sur" la conscience à une expérimentation directe de celle-ci et de ses modifications. Bien sûr, je suis médecin, spécialiste en médecine naturelle de l'Université de Paris, spécialiste en pathologie tropicale à Anvers (Belgique), professeur associé à l'Université scientifique du Sud à Lima, mais ce ne sont pas ces titres à eux seuls qui expliquent cela, mais plutôt le fait qu’avec eux, ou en dépit d’eux, je me suis personnellement intéressé à la pratique du chamanisme amazonien. Et à partir de là, j'ai extrait une application thérapeutique, en élaborant un protocole d'attention, en direction de patients souffrant de dépendances. En d'autres termes, j'ai osé franchir certaines frontières, culturelles, mentales et scientifiques, pour diverses raisons dans ma vie et on a le sentiment que cette position "entre les frontières" se mondialise pour de nombreux occidentaux appelés à franchir un seuil similaire dans leur recherche, pour faire un saut qualitatif dans l’aventure de leur vie. Donc aujourd'hui, je me retrouve à être un occidental qui amène d'autres occidentaux à témoigner de leur expérience personnelle et à réfléchir sur la base de cette expérience. Permettez-moi donc de me dégager des formalités du monde universitaire pour simplement partager mes réflexions dans un langage non seulement linéaire et rationnel, mais aussi analogique et métaphorique.

55.
Risques et potentialités thérapeutiques du transfert culturel de l´Ayahuasca

Auteur : Jacques Mabit

Conférence donnée à l´occasion du congrès organisé par La Maison Qui Chante, « Ayahuasca, perspectives thérapeutiques d´une tradition amazonienne millénaire » (Lyon, 22, 23, 24 avril 2005) et publié dans l´ouvrage du même nom, pages 113-144, coédition La Maison Qui Chante – Takiwasi, 2005.

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En répondant à la question "Est-ce possible d'imaginer un transfert culturel des techniques chamaniques dans le monde occidental ?" le Dr. Jacques Mabit réaffirme que il est tout à fait possible d'utiliser l'Ayahuasca avec un certain nombre de précautions et de conditions, pour toutes sortes de personnes parce qu'on touche là à des invariants qui sont infra-culturels ou pré-culturels.

56.
Toxicomanie et chamanisme Amazonien. Souffrance psychique, états modifiés de conscience et quête de sens

Auteur : Jacques Mabit

Cours Supérieur : Douleurs et modulations perceptives : vigilance, hypnose, sommeil, addiction. 4ème Congrès annuel de la Société d’Etudes de la Douleur. Montpellier, 20 Novembre 2004.

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Il est proposé de traiter de la douleur-souffrance psychique et des tentatives de résolution ou soulagement de celle-ci par l’induction de modification de l’état de conscience du sujet sous deux formes extrêmes et opposées : la toxicomanie et le chamanisme amazonien développé avec le recours de plantes psychotropes. Dans les deux cas il y a utilisation d’un support externe (une substance), d’une mise en forme rituelle et du positionnement d’une intentionnalité. Pourtant les aboutissements sont divergents, l’aggravation de la souffrance finale dans la contre-initiation toxicomaniaque et la réduction de la souffrance finale dans la guérison-initiation chamanique. Un point de jonction entre ces deux pratiques est constitué par la quête de sens, consciente ou inconsciente, l’attribution d’un sens à la souffrance étant susceptible de la réduire voire de l’amender complètement. J’essaierai de discerner, au sein de ces similitudes, les raisons de cette divergence au niveau du dénouement de la souffrance, en particulier par la réforme des mémoires somatiques.

57.
Esprit des plantes et des animaux : Berceau de la naissance de l'individu

Auteur : Jacques Mabit

Transcription littérale, revue et corrigée, de la Conférence donnée par le Dr Jacques Mabit à IdéePsy, Paris, le 10 septembre 2003.

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D’abord je dois dire que je me suis fourvoyé complètement. On m'a demandé de faire une conférence dans le cadre du thème « Inconscient collectif et inconscient individuel » et j'ai accepté vu l’intérêt du sujet. J’ai médité alors sur l’abord à proposer et j’ai pensé que dans le cadre de mon travail en Amazonie péruvienne, il y avait beaucoup à dire sur la symbolique des animaux, sur tout ce qu’ils représentent et qui touche autant l'inconscient individuel que l'inconscient collectif. J’ai alors proposé le titre de cette intervention : « Esprit des plantes et des animaux, berceau de la naissance de l’individu »./n Puis quand j'ai commencé à approfondir le sujet pour préparer cette causerie, je me suis rendu compte que le sujet s’avérait très difficile et m'obligeait à franchir des frontières, à explorer de nouveaux territoires.

58.
Archives et mémoires somatiques de l’âme

Auteur : Jacques Mabit

Transcription littérale, revue et corrigée, de la Conférence donnée par le Dr. Jacques Mabit à Savoir Psy, Paris, 11 Septembre 2002.

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Bonsoir à tous, à ceux qui sont connus et aux inconnus. Je remercie aussi pour l'invitation qui m’a été faite et pour l'occasion qui m'est donnée de m'exprimer en public sur un thème qui n'est pas très facile à aborder. Je me propose d'échanger avec vous d'abord sur mon expérience plus que sur une théorie ou sur une démarche qui prendrait la forme d’un discours scientifique avec ses prétentions à l’objectivité. Je voudrais partir de ce que j'ai vécu personnellement, de ce que j'ai vu vivre autour de moi au travers de mon expérience depuis seize ans en Haute Amazonie péruvienne.

59.
Interview de Jacques Mabit par Evelyne Sarah Mercier

Auteur : Jacques Mabit

Interview publié par Les Cahiers de IANDS-France, No13, juillet-août 2002.

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Le Centre Takiwasi naît en 1992 dans les suites d’un travail de recherche en anthropologie médicale sur les médecines traditionnelles péruviennes, commencé 12 ans auparavant. En effet, le Pérou présente 3 aires géographiques et culturelles, Côte, Andes et Forêt Amazonienne, dotée chacune d’une pratique thérapeutique ancestrale spécifique. Chacune se centre et structure également autour d’une plante dite “sacrée”, c’est-à-dire à effets psychoactifs, dans l’ordre : Cactus Sampedro a mescaline (côte), feuilles de coca (cordillère) et la liane Ayahuasca (jungle). Lors de cérémonies rituelles, les maîtres guérisseurs utilisent ces plantes pour induire des modifications contrôlées de la conscience qui permettent tant au patient qu’aux thérapeutes d’activer certaines facultés qualifiées de paranormales (voyance, clairaudience, télépathie, etc.) et ainsi d’accéder à des informations inconscientes qui se révèlent utiles à la thérapie. Ces techniques qui remontent au moins à 3000 ans, sous des apparences “folkloriques”, se montrent extrêmement sophistiquées et les guérisseurs sont devenus de grands maîtres dans l’art de pénétrer le labyrinthe de la psychée humaine. Si l’on suit les indications rigoureuses des experts empiriques en la matière, ces préparations végétales non seulement n’induisent aucune toxico-dépendance mais de plus servent traditionnellement à traiter les phénomènes de dépendance et toxicomanie. Le cactus à mescaline est très utilisé pour traiter l’alcoolisme de la côte comme l’ayahuasca pour les nouveaux toxicomanes à la pâte de base de cocaïne nombreux en Amazonie. Il existe également un catalogue très riche de préparations médicinales permettant la désintoxication initiale, la stimulation onirique, la relaxation, l’induction du sommeil, etc./n Nous avons donc essayé de reprendre les savoirs empiriques en la matière pour les structurer, les systématiser, les proposer dans un cadre cohérent et acceptable selon les exigences médicales et éthiques occidentales. Il s’agit entre autres choses d’instaurer un dispositif thérapeutique qui prenne en compte la dimension subjective et symbolique traditionnellement ritualisée. Cette proposition suppose que le thérapeute lui-même ait suivi les étapes du processus d’auto-exploration, à la manière des initiations ancestrales ou de la formation psychanalytique, de façon à ensuite pouvoir guider son patient “de l’intérieur”, c’est-à-dire dans un rapport direct de subjectivité à subjectivité.

60.
Utilisation ritualisée des plantes psychoactives d'Amazonie dans le traitement des toxicomanes : 7 ans d'expériences au Centre Takiwasi

Auteur : Jacques Mabit

Conférence donnée à la Conférence scientifique internationale de l'ISAM "Addictions 2000 + 1, Challenges and Opportunities for a new Millenium", International Society of Addiction Medicine (ISAM), Israël, septembre 2001.

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Je suis un médecin français vivant au Pérou depuis 20 ans. Je me consacrais principalement au développement sanitaire en santé primaire. Grâce à ma pratique professionnelle dans les régions pauvres du pays, j'ai pu découvrir la validité des médecines traditionnelles qui sont encore très actives, variées, peu coûteuses et d'une grande acceptation culturelle. De plus, sur le plan clinique, dans mon expérience ces médecines ont montré une efficacité exceptionnelle dans des problèmes de santé où la médecine occidentale est très limitée ou peu efficace. Cela a fortement attiré mon attention car de cette manière, dans des zones les plus déprimées, des ressources étaient disponibles en termes de connaissances (savoir-faire), de médicaments, notamment végétaux, et de ressources humaines puisqu'il y a encore un grand nombre de guérisseurs au Pérou, prières, végétalistes, sonneurs d'os, sages-femmes, etc. Pourquoi alors ne pas recourir à ces ressources disponibles et facilement accessibles pour résoudre les graves problèmes de santé publique dans ces zones nécessiteuses ?

61.
Les médecines initiatiques amazoniennes : Accès au Soi à travers le corps ou l’incarnation de l’Esprit

Auteur : Jacques Mabit

Conférence donnée au Centre Savoir Psy, Paris, en 2001.

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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer devant vous et d'être venus aussi nombreux : cela m'impressionne un petit peu. Je souhaite simplement être témoin, témoigner d'une expérience peu commune et que j’aimerais bien voir se développer et trouver un peu plus d'espace sur d'autres territoires que l'Amazonie péruvienne. En effet, l'un des postulats de notre démarche est que ce genre d'approche de l’être humain n'est pas dépendante d'un contexte culturel spécifique mais au contraire transposable dans des cadres culturels tout à fait différents, mais sous certaines conditions. Elle peut donc offrir des solutions à des problèmes contemporains hors de l'Amazonie péruvienne d’où elle procède mais d’où elle peut éventuellement s'expatrier.

62.
L’alternative des savoirs autochtones au « tout ou rien » thérapeutique

Auteur : Jacques Mabit

Article publié dans « Psychotropes, revue internationale des Toxicomanies », Vol. 7, No1, 2001. DOI 10.3917/psyt.071.0007.

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A la maladresse avec laquelle l’occidental induit des modifications de sa conscience, les médecines ancestrales répondent par un savoir-faire des plus sophistiqués où non seulement l’induction contrôlée d’états non-ordinaire de la conscience n’est pas dommageable mais permet même de faire face au développement moderne du phénomène toxicomaniaque. À partir de son expérience clinique en Haute Amazonie péruvienne, l’auteur témoigne des ressources thérapeutiques que recèle un sage usage des plantes médicinales y compris celles à effets psychotropes non addictifs comme la fameuse liane ayahuasca. La mise en place, au sein d’une structure d’accueil, d’un dispositif thérapeutique articulant les pratiques autochtones et la psychothérapie contemporaine, permet d’obtenir des résultats très encourageants (positifs chez 2/3 des patients), au-delà du contexte culturel dont émanent toxicomanes et thérapeutes. Ce qui invite à une reconsidération des approches conventionnelles vers l’introduction de l’universelle notion d’initiation oubliée en Occident et vers laquelle semble tendre le toxicomane à travers sa quête ordalique.

63.
Le temps de la réconciliation

Auteur : Jacques Mabit

Conférence présentée au II Congrès du Conseil Interaméricain sur la Spiritualité Indienne (CISEI), Tarapoto, Pérou, 9-14 Novembre 1998, et publiée dans les Actes de ce Congrès, Compilateur : Dr. Jacques Mabit, Ed. Takiwasi, Tarapoto, Pérou, pp.13-17, première édition 2001. Traduction de l’espagnol, allégée de certains passages propres au contexte du moment de cette rencontre et devenus obsolètes. Traductrice : Täis Bean.

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Il y a 500 ans, un malentendu s’instaura lors du contact entre les peuples d’Europe et d’Amérique. Aujourd’hui, nous voulons tenter de créer de réels espaces de rencontres entre eux. Cela doit passer obligatoirement par la réconciliation qui exige la reconnaissance des erreurs de chacun, la demande de pardon et la réparation des fautes commises.

64.
Les Médecines Traditionnelles, entre guérison et initiation - En quoi ces pratiques peuvent transformer notre vision du monde et nos pratiques occidentales

Auteur : Jacques Mabit

Conférence donnée à Paris le 22 juin 1999.

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Les médecines traditionnelles amazoniennes sont un domaine tellement vaste et tellement spécifique, qu'il est difficile de restituer leur réalité auprès d'un public de citadins, de partager cette réalité et de dire ce que l'on fait, comment on le fait, comment on vit tout ça./n Je me souviens de Don Alquilino ce guérisseur que je suis allé voir, il y a maintenant 13 ans, dans la forêt. Je souhaitais savoir comment il connaissait tout ce qu'il savait. Est-ce que son savoir venait de son grand père, de ses parents ? Il me disait : "Ben non, c'est les plantes. Les plantes te parlent." Je ne comprenais pas que des plantes puissent parler. Quand je lui ai demandé comment faire pour apprendre, Don Aquilino m'a répondu : "Il faut que tu fumes du tabac."

65.
Approches de la Mort ou apprentissage de la Vie

Auteur : Jacques Mabit

Conférence donnée par le Dr Jacques Mabit en juin 1999 à l’IANDS-Paris puis publiée dans les Cahiers de l’IANDS, No 3, juillet 2000.

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Sans doute, la revendication légitime de la médecine traditionnelle, c'est-à-dire de la médecine non conventionnelle, de la médecine ancestrale, est celle de la valeur extraordinaire de la subjectivité. Je vais donc essayer ici de m'axer sur les expériences proches de la mort, à partir de la subjectivité. En commençant par le témoignage de cet enfant, qui avait un grand-père guérisseur, au Pérou, et qui dit la chose suivante : "Mon grand-père Ramon , il fait de longs voyages, ma mère se limite à dire aux gens qui viennent le voir, le soir : Le maître n'est pas là. Parfois je pense que mon grand-père Ramon est mort depuis longtemps, que de tant mourir, il a appris à vivre, à ne jamais mourir. C'est sans doute pour ça qu'il revient toujours, pas comme s'il arrivait, mais comme s'il repartait d'un autre côté."

66.
Les Plantes Maîtresses : un véhicule d'introspection

Auteur : Jaime Torres

Article publié en espagnol dans le livre "Memorias del Segundo Foro Internacional Sobre Espiritualidad Indígena", pp. 58-62, Ed. Takiwasi: Tarapoto, 1998.

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Chaque région du monde et chaque culture traditionnelle ont leurs Plantes Maîtresses, donc, dans le nord du Mexique, on trouve le Peyotl, les Mochicas du Pérou utilisaient le cactus appelé aujourd'hui San Pedro. L'Ayahuasca est la Plante Maîtresse par excellence de la région amazonienne du Pérou, de l'Équateur, de la Colombie et du Brésil ; son utilisation est ancestrale. Les groupes autochtones l'ingèrent à des fins multiples, y compris la guérison, l'apprentissage de la médecine, la préparation à la chasse, pour voir les événements passés et futurs, ainsi que pour s'harmoniser avec la nature et les esprits qui l'habitent.

67.
Marihuana, ange ou démon ?

Auteur : Jacques Mabit

Publié en Espagnol dans la Revue Takiwasi, Nº 5, pp 63-77, Tarapoto, Pérou, 1997.

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La Marihuana (Cannabis sativa) est devenue de nos jours un thème constant de débats qui symbolise parfaitement le conflit entre, d’une part les partisans de la libéralisation totale des substances psycho actives, et d’autre part les opposants à toute tolérance en leur encontre. Ces positions systématiques nous obligent à choisir entre deux points de vue “ fermés “: -le premier pudiquement habillé de tolérance et liberté offre une approche quasi angélique de “ l’herbe “ -le second “satanise“ toute modification induite des états de conscience et mentionne en s’horrifiant les chiffres effectivement terrifiants de la toxicomanie dans le monde.

68.
Le savoir médical traditionnel et la toxicomanie

Auteur : Jacques Mabit

Article traduit de l’espagnol, publié en français par Takiwasi. Revista El Filósofo Callejero, Nº7, Abril 1995, pp. 10-17, Santiago de Chile, Chile. Revista de Medicinas Alternativas, Especial Perú, Año I, 6, nov-dic 1997, pp.30-41, Madrid, España.

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Nous avons observé une confusion dans le monde occidental entre les concepts de drogue et d'addiction, les notions de légalité et de légitimité et à propos des modifications des états mentaux. L'idée maîtresse de cette discussion repose sur la production de l'altération des états de conscience qui constitue une recherche constante de l'être humain, comme du reste des animaux, à travers toutes les cultures et en tout temps. Au point que cette dernière se présente comme une conduite fondamentale menant à une amplification de la conscience en tant qu'évolution naturelle de la vie.

69.
Plantes-poisons ou plantes-médecines ? Les antidotes de la forêt amazonienne contre sa destruction

Auteur : Jacques Mabit

Conférence au Colloque International “Drogue et Environnement”. Paris, Octobre 1994.

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La Haute-Amazonie péruvienne, front de pénétration dans l’immensité de la jungle, constitue un espace où se rencontrent plusieurs cultures. Depuis des siècles, les hommes de la forêt profonde échangent avec ceux des Andes et de la côte : produits, coutumes, techniques, savoir. Dans ce Piémont andin, aujourd’hui, à une échelle plus vaste, se rencontrent ou plutôt se confrontent les cultures ancestrales autochtones et les milles visages de la culture occidentale moderne. C’est dans cet espace que, depuis 8 ans, nous vivons au contact des groupes ethniques Lamista et Chazuta situés le long des fleuves Mayo et Huallaga. Ceux-ci sont fameux tant pour leurs pratiques médico-magiques traditionnelles, qui ont toujours suscité admiration et respect dans toute l’Amazonie, que pour leur récente publicité comme producteurs de feuilles de coca et son premier dérivé, la pâte-base de cocaïne, produit extrêmement addictif et d’une grande toxicité. Comme héritage andin, ils parlent le quechua tout en démontrant des traits coutumiers plus proches des groupes Jivaros de la forêt équatoriale./n La coca connaît une grande qualité comme la plupart des plantes de cette région où les caractéristiques climatologiques permettent d’obtenir pour la même plante en moyenne 30% de plus d’alcaloïdes qu’en Basse-Amazonie. Ainsi, depuis des siècles, les guérisseurs amazoniens ont régulièrement visité ce « Sourcil de l’Amazonie » (Ceja de Selva) afin d’y récolter des plantes médicinales de qualité supérieure. Au cours de ce siècle, c’est ici également que s’est exploité la meilleure liane à curare, de savoureux cafés et que nos « Gauloises » ont trouvé leur meilleur tabac.

70.
L’Ayahuasca au secours des drogués

Auteur : Jacques Mabit

Article publié dans la revue « Nouvelles Clés », Nº2, été 1994, pp. 45-47, Paris, France.

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Mon expérience au Pérou durant trois années (1980-1983) avec Médecins sans Frontières, m’avait convaincu d’une chose : les guérisseurs savaient traiter des cas rebelles aux médecines conventionnelles. Le retour en France m’a rappelé notre impuissance relative, en particulier en pathologie mentale et dans le domaine des toxicomanies. J’ai alors pris la décision d’explorer de plus près ces pratiques thérapeutiques, dans le cadre d’un projet de recherche en anthropologie médicale. Le discours des chamanes et guérisseurs s’est très vite révélés difficile à saisir. « Qui vous enseignait ? – Les plantes. – Comment vous enseignaient-elles le savoir ? – Au cours de rêves ou d’états de conscience modifiés par l’ingestion ritualisée de substances végétales psychotropes non addictives ». Etait-ce véridique, contrôlable, accessible ? Les entretiens avec les guérisseurs se terminaient invariablement par la question : « Et moi, médecin occidental, puis-je ? – Oui, les plantes peuvent t’enseigner si tu les aimes, les respectes et les ingères en suivant strictement les règles (diètes, jeûnes, isolement dans la forêt, abstinence sexuelle…). Alors elles viendront à toi et te parleront : c’est la seule façon d’apprendre.

71.
À propos de l'ikaro ou chant chamanique

Auteur : Rosa Giove

Article initialement publié en espagnol dans le Revista Takiwasi, Nº 2, Takiwasi, Pérou, octobre 1993 p. 7-27.

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Dans la jungle du Pérou, le chant ou la mélodie utilisée par les guérisseurs lors des travaux rituels qu'ils réalisent est appelée "ikaro". Il n'y a pas de traduction littérale de ce mot en espagnol, en quechua ou dans une autre langue de la ré-gion, alors que sa signification au niveau opérationnel est beaucoup plus profonde et importante : l’ikaro ou chant chamanique est l'arme de guérison, représente la sagesse et le véhicule de l'énergie personnelle du guérisseur, le symbole de sa puissance. L'acte de "ikarar" implique de "charger" avec le pouvoir du chaman un objet ou une potion, lui conférant une propriété spécifique à transmettre au destinataire, qu'il s'agisse de nettoyage, de protection, de guéri-son, de dommage ou d'influencer sa volonté. Cela se fait en chantant l'ikaro directement sur l'objet ou la substance qui est transmise. L'objet, la substance ingérée, dans le cas de liquides (potions) ou la fumée soufflée, dans le cas du tabac, sera ensuite transmis à la personne intéressée.

72.
Shamanisme amazonien et toxicomanie: initiation et contre-initiation

Auteur : Jacques Mabit

Article publié dans la Revue AGORA : Ethique, Médecine et Société, Nº27-28, pp. 139-145, 1993.

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J'avoue que le verbiage "psy" provoque en moi instinctivement un rejet, allergie qui n'a pu qu'être renforcée par le lit de mon expérience personnelle. Cependant, il convient sans doute ici de dire premièrement "d'où je parle" afin que je puisse avoir quelque chance d'être entendu. J'aimerais pouvoir dire que je parle "du coeur”: du coeur de la forêt amazonienne qui m'abrite depuis 7 années; du coeur de la première zone mondiale de production de pâte de base de cocaïne et de consommation de celle-ci (souvent en association avec l'alcool); du coeur d'une des plus antiques formes de thérapie, le shamanisme indigène de la jungle orientale péruvienne; du coeur d'un vécu initiatique qui m'a conduit à une exigeante autoexploration de mes propres dépendances et aliénations; enfin, de mon propre coeur humain.

73.
Addiction et chamanisme bouddhiste - Le Monastère des Grottes du Bambou

Auteur : Jacques Mabit

Article publié dans la Revue Takiwasi, No2, pp. 57-78, Takiwasi Ed., Tarapoto, Pérou, 1993. Révisé et traduit en mai 2024.

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A 130 kilomètres au nord-est de Bangkok, la capitale de la Thaïlande, le train m'a emmené à Lopburi d'où j'ai rejoint, en dehors de la ville, le monastère bouddhiste de Wat Tham Krabok . Depuis que j'avais lu l'article de Surya Green sur le traitement original de la toxicomanie là-bas, j'avais eu envie d’y aller personnellement et d'apprendre de cette expérience unique en son genre. J'allais atteindre mon objectif. Au milieu d'une végétation tropicale, entouré par le cirque des collines rocheuses de Prong Prab, je découvre alors un ensemble de bâtiments et de petites maisons ornées partout d'énormes bouddhas méditatifs. Un homme en habit ocre, au crâne rasé, était accroupi sur un tas de cailloux entassés. Les doigts protégés par des moufles rustiques en caoutchouc ou en cuir, il frappait méthodiquement d'énormes pierres qu'il réduisait à la taille de graviers. C'était un moine, souriant et calme, qui dégageait une grande paix intérieure malgré ce qui me paraissait un ennuyeux travail quotidien. Avec cette même sérénité, parmi les odeurs de mangues et de verveine citronnée, depuis plus de trente ans, les moines Tudong accueillent des milliers de toxicomanes thaïlandais et étrangers qu'ils soignent par un traitement extrêmement rapide, efficace et peu conventionnel.

74.
Considérations sur le breuvage Ayahuasca et ses perspectives thérapeutiques

Auteur : Jacques Mabit, Josçe Campos, Julio Arce

Article publié en espagnol dans « Revista Peruana de Neuro-Psiquiatría », tomo LV, Nº2, pp. 118-131, Juin 1992, Lima, Pérou. Traduit de l'espagnol par Fabio Friso, révisé par Dominique Le Bouteiller.

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L'extrait aqueux de Banisteriopsis caapi, Psychotria viridis y Brugmansia sp. connu dans toute l'Amazonie péruvienne sous le nom générique d'ayahuasca pour ses effets purgatifs et psychotropes, constitue l'axe central du chamanisme (curanderismo). Des études anthropologiques, psychologiques et phytochimiques démontrent qu'il peut être utilisé à des fins bénéfiques dans le traitement des toxicomanies et en pathologie mentale, à condition de le manier de façon adéquate. Les observations réalisées sur le comportement de cet extrait ont permis de suggérer des améliorations dans son mode de préparation. On a également pu constater lors du traitement de patients que les sessions thérapeutiques sont influencées non seulement par les principes actifs β-carbolinique et tryptaminiques mais aussi par l'état psychosomatique du patient, des facteurs environnementaux naturels ainsi que par d'autres facteurs mis en place par le thérapeute.

75.
L’hallucination par l’Ayahuasca chez les guérisseurs de la Haute-Amazonie péruvienne

Auteur : Jacques Mabit

Document de travail de l’Institut Français d’Etudes Andines (IFEA, 1988) publié ensuite dans les documents de travail du Second Congrès International de Médecines Traditionnelles (1989).

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Sur la base d’une auto-expérimentation auprès des guérisseurs de la Haute-Amazonie péruvienne, l’auteur présente le cadre et les conditions de la production hallucinatoire en thérapie traditionnelle au moyen de l’Ayahuasca, liane à effets psychotropes. Il tente de retrouver quelques constantes permettant de caractériser l’hallucination consécutive à l’ingestion d’Ayahuasca. Il propose ensuite une réflexion sur la « vision » obtenue par ces pratiques et définit des critères de validité qui, à son sens, font des modifications des états de conscience un objet d’étude digne d’intérêt, en particulier sur le plan thérapeutique.